Regards sur mes créations
Si le point de départ de ma première collection Tila est le culte Vaudou en Afrique, je me suis aperçue que mes pièces peuvent évoquer des univers parfois très lointains de mon inspiration première. Ainsi, le crâne du grand martin-pêcheur suggère pour certains un masque vénitien et le sautoir Cadenas est jugé, pour d’autres, surréaliste et mystérieux.
Pour commencer, plusieurs personnes de mon entourage ont choisi une pièce de ma première collection et écrit quelques lignes sur ce qu’elle évoque pour elles.
Merci à Nathalie, David, Andrea et Agnès qui ont ouvert la voie…
La bague Petite Perruche entre 2 doigts par Nathalie Sokierka
« Mon choix s’est porté sur cette magnifique bague » Entre 2 doigts » qui évoque à mes yeux une version vraiment originale des « Toi et Moi », bijoux que j’affectionne particulièrement.
La composition de cette pièce me fait penser aux Vanités du XVIIIe siècle de par la représentation minutieuse, du crâne de perruche en argent, orné d’un grenat facetté avec à l’opposé une perle de verre ancienne de Venise, et ces tonalités semblent ressusciter les soirées baroques de la cité chère à Casanova. »
Le sautoir Petit Martin-Pêcheur par David Meyer
« Spectateur recueilli de l’exposition Vaudou à la fondation Cartier, je découvrais en septembre 2011 les objets collectés par Jacques Kerchache.
La magie du désenchantement, celle du sortilège, opérait déjà en moi et longtemps j’attachais à toutes choses les vertus d’occlusions et celles expansives qu’elles pouvaient contenir.
Je liais sort jeté ou exorcisé en une mécanique cérémonielle, je l’appliquais dès lors en imagination au monde que je côtoyais.
Un rêve où causalités et sorts ne font qu’un, somme toute.
C’est dans les bijoux de Valérie Bui que je me familiarise avec cette idée.
Enchâsser à cadenasser le vœu au bec pour lui clouer littéralement le verbe, nouer monnaie à l’orbite aveuglément.
Un bijou incantatoire aux nobles reflets d’argent et bec vermeil où l’organique d’un crâne rutilant dialogue avec la patine cultuelle aux effets de fumée et de sang (Fancy noire de Venise) ; une perle multicolore rare effleure en corolle une sphère magique.
Un bijou votif, un sortilège amoureux ?…
Valérie Bui propose un objet sans charges autres que sa plasticité impeccable et sa beauté combinatoire, un assemblage hétérogène dont on sait déjà qu’il opère le charme dont le porteur le charge. «
La manchette Petit Martin-Pêcheur par Andrea Guinez
« De terre en ciel
Tu ne dis mot
Souffle voluptueux
Astre enchanteur
Chagrine innocence
Tu t’éloignes avec elle
Et ton secret »
Le sautoir Multi-symboles par Agnès Lefebvre
« Il n’existe pas d’art pour l’art en Afrique. Les artistes ne signent pas leurs œuvres.
Les productions artistiques africaines répondent toujours à un besoin de protection contre les vicissitudes de la vie autour des thèmes majeurs de l’existence humaine : favoriser la fertilité dans un sens très large qui va de la procréation aux récoltes, contrer les maladies et la mort, s’attirer les faveurs des ancêtres afin qu’ils luttent de concert avec les vivants.
Le culte du vaudou relaye ces thématiques universelles par le biais de fétiches. La force des intentions des féticheurs émane de ces pièces dont l’énergie n’a d’égale que la volonté d’éloigner le profane.Les « bijoux-fétiches » de Valérie Bui s’approprient cette pulsion de vie. Ils contiennent cette puissance protectrice grâce à l’emploi des symboles forts du vaudou : le crâne d’oiseau, le cadenas qui verrouille le vœu au bijou, les pierres extraordinaires trouvées au hasard mais dont la particularité est associée à un magnétisme surnaturel…
Tous ces symboles sont présents dans le travail de Valérie Bui et transmettent au métal précieux une force spirituelle.Ces bijoux-fétiches sont des portes ouvertes sur le sensible, l’essence même de l’existence. Ils sont l’évocation des puissances à l’œuvre qui vont d’un battement d’aile aux mouvements telluriques et galactiques. Ils matérialisent les limites entre le monde tangible et celui qui dépasse la raison et le conscient. »